"C’est pas parce qu’on n’a rien à dire qu’il faut fermer sa gueule."


22.7.11

Foutraque



C'est dommage, j'étais partie pour te faire un billet à l'image du temps... J'avais trouvé quelques idées plutôt pas mal à base de pluie sur la ville, de mon coeur qui sans amour et sans haine a tant de peine, de ciel bas et lourd qui pèse comme un couvercle, un vrai petit bijou, je te dis que ça. Sauf qu'entre temps, j'ai découvert que je m'étais fait doubler par Paul et Charles, ces vieux chacals. C'est quand même fou le français ! Y a pas moyen d'écrire un truc un peu joli sans que quelqu'un l'ait déjà écrit avant toi. Bref.

Du coup, je sais pas. Chuis plus inspirée. Je peux même pas te parler de mon Pois chiche, sujet inépuisable s'il en est, vu qu'il s'éclate chez ma mère depuis 10 jours et que la plus longue phrase que j'ai réussi à lui soutirer au téléphone, c'est : "Je peux pas te parler, je fais pipi sur les fleurs." Suivi d'une espèce de bruit indistinct qui ressemblait à "Mchhhhhm". Je t'avoue que je me suis demandé s'il n'avait pas joint le geste à la parole en urinant sur le combiné... Dans le doute, je préfère penser qu'il m'envoyait un baiser pour clore cette passionnante conversation.

J'en profite quand même pour te dire que je suis allée voir Chico & Rita, un très joli film d'animation espagnol. Et comme je suis assez peu douée pour la critique de cinéma, je te conseille d'aller lire cet excellent article du Monde (clic) qui te dira tout le bien que j'en ai pensé. Et j'ajoute même la bande-annonce, pour te mettre l'eau à la bouche.



Si tu vis sous les mêmes latitudes que moi, tu as sans doute remarqué la pluie, le ciel gris, l'été pourri, etc. J'imagine donc que toi aussi, tu as le moral dans les chaussettes (en poil de chameau, vu la température actuelle). Personnellement, je fais le combo grands travaux, état proche de l'idaho et compte en banque à zéro.



Mais j'ai déjà pris une décision radicale. S'il pleut pendant toutes les vacances, sache qu'à mon retour, j'irai m'immoler par l'eau devant Météo France. Sur ce, à dans quinze jours.

13.7.11

Zéro Pointé !



Et voilà, la crèche, c'est fini (Capri aussi, rapport au fait que le paysage le plus romantique de nos vacances se situera sans doute entre Cahors et Guingamp, mais c'est une autre histoire...)

Lundi matin, c'était le dernier jour du Pois chiche. Alors on avait préparé des petits sachets individuels de sablés faits maison pour remercier les dames de la crèche et j'avais aussi acheté une boite de macarons pour les dames de la cantine. Je sais, je sais, moi aussi ça me fait un peu penser aux dames du bois de Boulogne tout ça... Ah non, pas toi ? Au temps pour moi. Toujours est-il que c'est comme ça qu'on les appelle, à la maison. Fier comme un bar tabac, le Pois chiche tenait absolument à donner les macarons lui-même. Sauf qu'hélas, erreur fatale, il a tendu la boite à une des dames de la crèche.
Imagine la honte quand j'ai dû la lui reprendre en disant : "Euh non, ça c'est pas pour vous. C'est pour... Pour les dames de la cantine, quoi." C'est comme ça que j'ai découvert qu'on parle plutôt de "l'équipe technique". Et que les dames de la crèche sont en fait des "auxiliaires de puériculture". C'est vrai que maintenant que j'y pense, "dame de la crèche", ça le faisait moyen pour Bernard...
Enfin bref, pour en revenir à nos moutons et à notre auxiliaire, je te prie de croire qu'au moment où les macarons lui ont filé sous le nez en échange d'un pauvre sachet de sablés, elle a failli me sauter à la gorge. J'ai lâchement murmuré : "C'est le Pois chiche qui les a faits..." C'était totalement faux, il s'est contenté de bouffer la pâte crue et de me niquer toutes mes jolies étoiles filantes avec ses mains pleines de doigts, mais je me suis dit qu'elle n'oserait pas me les balancer en travers de la figure sous ses yeux. Et j'ai conclu dans un souffle inaudible : "Vous avez vu, il a même écrit votre initiale dessus avec du masking tape..." avant de me rappeler qu'il ne savait pas écrire (mais qu'est-ce qu'ils leur font faire pendant ces trois ans, je vous le demande ?!) et de filer vers la sortie sans demander mon reste.

N'empêche que j'ai bien failli verser ma petite larmichette, hein ! Tout ça à cause de Lina. Une drôle de petite brunette que les enfants adorent et qui le leur rend bien. Une femme d'une gentillesse incroyable, du genre à consoler ton gosse inconsolable quand tu pars le matin et à prendre le temps de te raconter par le menu ce qu'il a fait de sa journée quand tu viens le chercher le soir. Du genre à savoir exactement quel livre choisir pour chacun des 15 petits de la section au moment de Noël. Du genre à offrir au Pois chiche une peluche Barbouille et à lui refiler en loucedé dans le casier parce que c'est IN-TER-DIT. Du genre à sanctionner les bêtises en agitant vigoureusement l'index et en grondant d'une voix qui tremble de rire : "Zéro pointé, hein !" Du genre, le dernier jour de crèche, à me tendre un cadeau pour le nain accompagné d'un petit mot qui dit : "J'ai bien rigolé cette année, avec le Pois chiche et son grand copain A. C'est grâce à ces moments-là que j'aime tant mon métier." Du genre à le faire avec les yeux humides...
Alors comme moi aussi, je lui avais apporté un cadeau un peu spécial, on s'est échangé les paquets sans rien dire avec des airs de conspiratrices. J'ai juste réussi à chevroter que je lirais le mot plus tard, parce que j'avais trop peur de fondre en larmes, et on est vite partie chacune de son côté sans se regarder davantage.

Et le Pois chiche, me diras-tu ? Rassure-toi, l'émotion ne lui a pas fait perdre le nord. Il a fait son regard de chat potté aux dames de la cantine à l'équipe technique jusqu'à ce que quelqu'un lui refile un macaron et il est allé se le boulotter dans son coin sans en donner une seule miette aux copains qui le regardaient la bave aux lèvres. M'est avis qu'il est tout à fait prêt pour l'école çui-là.